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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/236

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serai malheureuse si je ne suis pas vos conseils.

MARTHE

Eh bien ! parlons à présent des moyens qui sont les plus propres, et que vous devrez employer pour captiver les hommes et les tenir longtemps enchaînés à votre char.

Je vous recommande, avant toutes choses, la plus grande propreté de la maison, des chambres, des lits, des meubles, des habillements, en sorte qu’en entrant chez vous, on soit surpris et charmé de l’air d’arrangement et de netteté que tout y respire. Tenez surtout extrêmement propre votre petit cabinet ; il faut avoir toujours prêt un bâton de pommade de jasmin, en graisser toute l’entrée, en frotter le dedans ; l’odeur exquise dont il sera parfumé engagera vos pratiques à le louer plus souvent.

Il est vrai que ce pauvre cabinet ne peut pas toujours être exempt de saleté et d’ordure. Dans les circonstances sanglantes, il n’y a que les étrangers passagers à qui vous pourrez le louer. Pressés de décharger leur menu bagage, ils n’examinent pas de si près l’endroit où ils veulent se rafraîchir. Ce sont comme des oiseaux qui volent autour des filets ; il faut bientôt les prendre de quelque manière que ce soit. Ils arrivent, ils passent, ils s’en vont : bon voyage !

Mais pendant ce temps-là gardez-vous bien d’y laisser entrer quelqu’un du pays ; on pourrait en sortir avec bien des désagréments : autant la