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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/48

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trompent point. Mais, continuez, s’il vous plaît, à m’instruire.

MARTHE

Je ne vous entretiendrai plus sur les artifices et les déguisements dont Jupiter se servait pour s’unir aux belles mortelles. Il suffit de vous dire que, malgré toutes ces convittractions, que nos dévots appelleraient des énormités, les sages payens en firent leur premier dieu, lui donnèrent un trône éclatant et plus élevé que celui des autres immortels, et lui attribuèrent ces sublimes prérogatives qui ne conviennent qu’au maître absolu de la nature.

ANGÉLIQUE

Parlez-moi donc des autres dieux. J’imagine bien que si le premier dieu était si vaillant, les autres n’auront pas prêché le célibat, ni la chasteté.

MARTHE

Il n’était réservé qu’à nos vieux pontifes de prêcher une doctrine si dénaturée.

Apollon aima à monter à cheval aussi bien que Jupiter, son père.

Neptune épousa bien Amphitrite, mais la belle Scylla lui fit changer de monture.

Le dieu Pan savait parfaitement bien jouer de la flûte, et les Nymphes qui fuyaient ses poursuites étaient sur-le-champ métamorphosées en roseaux, en pierres, etc. Vous voyez que la pruderie ne plaît point aux dieux.