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PORTRAIT DU CARDINAL DE RETZ

dinal, c’est qu’il n’a jamais été fait pour être vu. C’étoit un secret que j’ai forcé, par le goût que je trouve à des louanges en absence, par un homme qui n’est ni intime ami, ni flatteur. Notre cardinal trouva le même plaisir que moi à voir que c’étoit ainsi que la vérité forçoit à parler de lui, quand on ne l’aimoit guère, et qu’on croyoit qu’il ne le sauroit jamais. » — On s’est étonné (voyez le tome III des Lettres de Mme  de Sévigné, p. 505, note 17) que le cardinal de Retz ait pu trouver du plaisir à lire un tel portrait, et l’on s’est demandé si celui que Perrin a publié est bien le même que Mme  de Sévigné a envoyé à sa fille. En effet, c’est une objection qui se présente naturellement à l’esprit. Il faut le remarquer cependant : outre que, devant Mme  de Sévigné, le Cardinal devait, comme on dit, faire contre fortune bon cœur, il pouvait aussi se trouver satisfait, au moins relativement, car un ennemi, ou, en tout cas, un juge aussi redoutable pour lui que l’était la Rochefoucauld, aurait pu le maltraiter davantage. Pour moi, après une étude attentive du fond et de la forme de ce morceau, je n’hésite pas à le laisser à l’auteur des Maximes. Aucun contemporain, je crois, n’était en état de l’écrire avec cette précision et cette force, voilà quant à la forme ; et quant au fond, on va trouver, dans les notes qui suivent, plusieurs passages des Mémoires et des Maximes où mêmes pensées se retrouvent, quelquefois en mêmes termes.