XXXVI
Il semble que la nature, qui a si sagement disposé les organes de notre corps pour nous rendre heureux, nous ait aussi donné l’orgueil pour nous épargner la douleur de connoître nos imperfections[1]. (éd. 1*.)
XXXVII
L’orgueil a plus de part[2] que la bonté aux remontrances que nous faisons à ceux qui commettent des fautes, et nous ne les reprenons pas tant[3] pour les en corriger, que pour leur persuader[4] que nous en sommes exempts[5]. (éd. 1*.)
XXXVIII
Nous promettons selon nos espérances, et nous tenons selon nos craintes[6]. (éd. 1.)
- ↑ Var. : La nature, qui a si sagement pourvu à la vie de l’homme par la disposition admirable des organes du corps, lui a sans doute donné l’orgueil pour lui épargner la douleur de connoître ses imperfections et ses misères. (1665.) C’est sans doute à cause du rapport douteux des pronoms que l’auteur a remanié cette pensée. — Vauvenargues (p. 84, note) la range parmi celles qui lui paraissent communes. — Selon la maxime 494, l’amour-propre d’ordinaire nous aveugle, mais parfois aussi nous éclaire.
- ↑ Var. : a bien plus de part, (1665.)
- ↑ Var. : et nous les reprenons bien moins. (l665.)
- ↑ Var. : les persuader. (1665.)
- ↑ Voyez la fin de la maxime 116.
- ↑ Cette maxime, dit Amelot de la Houssaye, fait allusion à Ma-
pas même en mettant l’amour de soi à la place de l’orgueil… Dire que cet orgueil est égal dans tous, c’est anéantir une vertu qui lui est opposée, la modestie… Prétendre que personne n’est véritablement plus modeste qu’un autre, c’est dire que nul homme n’a plus de bon sens qu’un autre homme ; que nul n’est capable de restreindre par la réflexion l’idée trop avantageuse qu’il est tenté d’avoir de lui-même. »
