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SUR LA ROCHEFOUCAULD

qui s’accorde avec ce souvenir, gardé d’une de nos lectures, mais dont nous avons négligé de prendre note, que la Rochefoucauld ne manquait point de lire l’Astrèe au moins une fois l’an et qu’il s’enfermait pour n’être point distrait de ce plaisir. Cette chaleur naturelle d’imagination, que rien ne put refroidir entièrement, expliquerait à elle seule, au besoin, plus d’un épisode étrange de sa jeunesse.

D’après un document conservé au Cabinet des titres de la Bibliothèque nationale, c’est le 20 janvier 1628, donc avant l’âge de quinze ans, qu’on lui fit épouser[1] Andrée de Vivonne, laquelle a passé fort silencieusement dans l’histoire, et même dans la vie de la Rochefoucauld, entre Mme de Longueville et Mme de la Fayette. « On sait assez, nous dit-il, qu’il ne faut guère parler de sa femme[2] ; » et, nous le faisons remarquer au tome II (p. 29, note 4), il se conforme bien au précepte. La mention sèche d’une maladie, un mot sur « le tabouret, » ce fait, constaté sans détail, qu’en 1650, lorsqu’on rasa Verteuil, « la mère, la femme et les enfants du duc de la Rochefoucauld » furent un moment « sans retraite, » voilà tout ce que nous trouvons dans les Mémoires[3] et, quand nous aurons noté encore deux passages de l’Apologie[4], relatifs au même tabouret, et, dans la correspondance, deux ou trois autres mentions de

  1. Parmi les pièces qui nous ont été communiquées par M. Benjamin Fillon, il y a une procuration donnée par le père et la mère de notre auteur à l’abbé de la Réau (déjà nommé plus haut, p. x, note 3) et à César de Lestang, sieur de Boisbreton, les autorisant à assister, en leur nom, à la rédaction du contrat de mariage du prince de Marcillac et « d’Andrée de Vivonne, fille de feu André de Vivonne, baron de la Châteigneraye en bas Poitou, et de Marie-Antoinette de Loménie, actuellement femme de Jacques Chabot, marquis de Mirebeau, comte de Charny, gouverneur de Bourgogne. » On voit par une autre procuration que François V de la Rochefoucauld et Gabrielle du Plessis, sa femme, s’engagèrent à payer, principal et intérêts, certaines dettes de Mme de Mirebeau, qui, de la sorte, en mariant sa fille, battit quelque peu monnaie. Elle devint veuve en 1630 de son second mari Jacques Chabot, et mourut en 1638 : voyez tome III, p. 17, note 4.
  2. Maxime 364, tome I, p. 171.
  3. Pages 29, 105 et 212.
  4. Tome II, p. 456, 457 et 465.