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Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t1, 1868.djvu/25

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SUR LA ROCHEFOUCAULD

par lui sur les fonts, comme l’avait été son père, celui-ci demeurait dans la rue des Blancs-Manteaux[1]. De tous les enfants de notre duc, cet aîné fut le seul qui se maria, à moins que nous n’ajoutions foi à ce que nous dit Saint-Simon[2], du mariage, secret d’ailleurs, d’une des trois sœurs avec Gourville[3].

En 1629, à seize ans, Marcillac fit ses premières armes en Italie, où il fut mestre de camp du régiment d’Auvergne[4]. C’est au retour de cette campagne qu’il parut à la cour. Le vent soufflait aux aventures périlleuses, et la jeune noblesse, en dépit des terribles leçons déjà infligées par Richelieu, se faisait comme un point d’honneur d’intriguer ou de conspirer contre le ministre. On a écrit dans une notice, nous ne savons sur quel fondement, que notre héros prit, en novembre 1630, une part active à la Journée des Dupes. C’est fort peu vraisemblable : Marcillac avait à peine dix-sept ans, et nous ne voyons le fait rapporté ni dans ses Mémoires, qui remontent à 1624, ni ailleurs. Ce qu’il y a de sûr, c’est que le futur auteur des Maximes appartenait d’avance à l’opposition, comme l’on dirait de nos jours, par cette fièvre de mouvement qui tourmente la jeunesse, par cette pente naturelle des esprits fins vers l’intrigue, par un sentiment exagéré de sa personne qui faisait de lui un important avant même qu’il y eût un parti des Importants[5], enfin par un fond inné d’humeur cha-

  1. Voyez aux pages déjà citées (789 et 740) du Dictionnaire de Jal, qui a trouvé l’acte de baptême dans les registres de Saint-Jean de Grève.
  2. Mémoires de Saint-Simon, tome III, p. 422, édition de 1873.
  3. Voyez ci-après, p. lviii.
  4. Voyez l’appendice iv, p. ci. — Régiment d’Auvergne est l’expression de notre auteur dans ses Mémoires (p. 14) ; la pièce ministérielle que nous citons à l’appendice dit : « un régiment de son nom ; » et Pinard (1768), que nous y citons également pour les états de service : « le régiment aujourd’hui Auvergne. »
  5. « Marcillac est plus important que jamais, » Marsigliac plù importante che mai, écrira bientôt Mazarin dans ses Carnets (n°iv, p. 80) : voyez Madame de Chevreuse, par V. Cousin, 5e édition, p. 492. Son nom revient dans le même carnet (p. 96) : « On assure, dit le Cardinal, qu’il entre dans tous les conseils » (des mécontents).