peu de chose suffit[1], les grands et les ambitieux sont en ce
point les plus misérables, puisqu’il leur faut l’assemblage d’une
infinité de biens pour les rendre heureux.
DXXIII
Une preuve convaincante que l’homme n’a pas été créé comme il est, c’est que, plus il devient raisonnable, et plus il rougit en lui-même de l’extravagance, de la bassesse et de la corruption de ses sentiments et de ses inclinations.
DXXIV
Ce qui fait tant disputer[2] contre les maximes qui découvrent le cœur de l’homme, c’est[3] que l’on craint d’y être découvert[4].
DXXV
Le pouvoir que les[5] personnes que nous aimons ont sur nous est presque toujours plus grand que celui que nous y avons nous-mêmes.
DXXVI
On blâme aisément les défauts des autres, mais on s’en sert rarement à corriger les siens[6].
- ↑ Meré (maxime 57) : « L’on est toujours assez riche, quand on est content de peu. »
- ↑ Blaise, et après lui Aimé-Martin, ont substitué crier à disputer.
- ↑ C’est dans le manuscrit de la Rocheguyon ; est dans la lettre à Mme de Sablé déjà citée pour la maxime 509.
- ↑ Voyez la maxime 517, et la Préface de la 1er édition (ci-dessus, p. 27).
- ↑ Biaise et Aimé-Martin, en relevant cette pensée d’après la lettre à Mme de Sablé, citée pour les maximes 513 et 515 (Portefeuilles de Vallant, tome II, fo 159[a]), la font rapporter à notre maxime 259, et donnent des pour les ; à la ligne suivante, ils ont retranché y devant avons.
[a] Elle s’y retrouve une seconde fois, sans variante, et toujours de la main de la Rochefoucauld, au folio 223.
- ↑ Mme de Sablé (maxime 73) : « L’amour-propre fait que nous nous trompons presque en toutes choses, que nous entendons blâmer et que nous blâmons les mêmes défauts dont nous ne nous corrigeons point, ou parce que nous ne connoissons pas le mal qui est en nous, ou parce que nous l’envisageons toujours sous l’apparence de quelque bien. » — Dans ses maximes 47