le font naître[1] particulier dans une république maîtresse de l’univers, affermie et soutenue par les plus grands hommes qu’elle eût[2] jamais produits ; la fortune même[3] choisit parmi eux ce qu’il y avoit de plus illustre, de plus puissant, et de plus redoutable, pour les rendre ses ennemis ; elle le réconcilie[4], pour un temps, avec les plus considérables, pour les faire servir à son élévation ; elle les éblouit et les aveugle ensuite, pour lui faire une guerre qui le conduit à la souveraine puissance. Combien d’obstacles ne lui a-t-elle pas fait surmonter ! De combien de périls, sur terre et sur mer, ne l’a-t-elle pas garanti, sans jamais avoir été blessé ! Avec quelle persévérance la fortune n’a-t-elle pas soutenu les desseins de César, et détruit ceux de Pompée ! Par quelle industrie n’a-t-elle pas disposé ce peuple romain, si puissant, si fier, et si jaloux de sa liberté, à la soumettre[5] à la puissance d’un seul homme ! Ne s’est-elle pas même servie des circonstances de la mort de César, pour la rendre convenable[6] à sa vie ? Tant d’avertissements des devins[7],
- ↑ « Elle le fait naître. » (Édition de M. de Barthélemy.)
- ↑ « Qu’elle ait. » (Ibidem.)
- ↑ Même est omis dans le texte de M. de Barthélémy.
- ↑ « … pour le rendre ses ennemis ; elle se réconcilie. » (Édition de M. de Barthélemy.)
- ↑ « À se soumettre. » (Édition de M. de Barthélémy.) — La même édition, dans les ligues suivantes, place même avant pas, et omet « des circonstances. »
- ↑ Convenable, dans le sens d’approprié. — Voyez le même emploi du même mot, ci-après, p. 322, ligne 5.
- ↑ À « des devins » l’édition de M. de Barthélémy substitue, par une étrange inadvertance, du devoir.
chapitre xliv, Œuvres, p. 58) : « Que lui manquoit-il, que d’être né souverain ? Il étoit bon, magnanime, généreux, hardi, clément ; personne n’étoit plus capable de gouverner le monde et de le rendre heureux : s’il eût eu une fortune égale à son génie, sa vie auroit été sans tache ; mais parce qu’il s’étoit placé lui-même sur le trône par la force, on a cru pouvoir le compter avec justice parmi les tyrans. »