de la Rochefoucauld et de Bouillon, elle n’avançait guère les affaires des Frondeurs. Les Espagnols ne se pressaient pas de tenir leurs promesses ; le Parlement se lassait ; le duc d’Orléans et les autres chefs de la Fronde comprirent qu’il valait mieux, pour sauver du moins les apparences, négocier plus tôt que plus tard, et l’accommodement avec la cour fut signé le 29 septembre 1650[1]. La Rochefoucauld, au lieu d’aider à la conclusion de la paix, y résista de tout son pouvoir, nous dit Mazarin dans une lettre à Mme de Chevreuse, où il le nomme, avec ressentiment, parmi ceux « qui ne se sont pas démentis de leur première conduite jusques au dernier moment[2]. » Au reste, à cette paix, il ne gagna que la permission de se retirer chez lui sans exercer sa charge de gouverneur du Poitou et sans nul dédommagement pour sa maison de Verteuil, qui n’était plus qu’un monceau de ruines. À quelque temps de là, Turenne, entré en France avec une armée espagnole, se faisait battre à Rethel (15 décembre 1650) par le maréchal du Plessis-Praslin, On le voit, si la Fronde ne grandissait pas les uns, en revanche, elle diminuait les autres. N’est-ce pas là, à toutes les époques, l’effet le plus ordinaire des guerres civiles ?
Toutefois, tant que les Princes n’avaient pas recouvré leur liberté, la lutte n’était pas finie. Aux combats suspendus, après Rethel, faute de combattants, avaient succédé les négociations secrètes ou publiques, et jamais on n’en avait vu d’aussi complexes. Le principal intermédiaire entre les diverses factions était Anne de Gonzague, l’intrigante Palatine, dont l’oraison funèbre sera plus tard pour Bossuet le plus délicat triomphe d’éloquence. Embarrassée dans les fils de sa trame, elle prend le parti d’appeler à son secours la finesse bien connue de la Rochefoucauld, qui, à Bordeaux même, et malgré la « netteté » de sa conduite[3], n’avait pu complètement s’abstenir de négocier, ou du moins d’essayer de négocier, s’exposant par là aux défiances, déjà éveillées[4], des