Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t2, 1874.djvu/159

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qui avait été mêlé dans cette affaire[1]. Coligny était faible, peu adroit[2], et il relevait d’une longue maladie ; il choisit d’Estrades[3], qui depuis a été maréchal de France, pour appeler le duc de Guise, qui se servit de Bridieu[4], et ils prirent leur rendez-vous à la place Royale[5]. Le duc de Guise, en mettant l’épée à la main, dit à Coligny : « Nous allons décider les anciennes querelles de nos deux maisons, et on verra quelle différence on doit mettre entre le sang de Guise et celui de Coligny. » Le combat fut bientôt fini : Coligny tomba, et le duc de Guise, pour l’outrager, lui ôtant[6] son épée, le frappa du plat de la sienne. D’Estrades et Bridieu se blessèrent dangereusement l’un et l’autre, et furent sé-

  1. Henri II de Lorraine, cinquième duc de Guise, quatrième fils du duc Charles de Guise et de Henriette-Catherine de Joyeuse, avait d’abord été promu à l’archevêché de Reims (1629) ; mais lorsque, par la mort de son père (1640) et celle de son frère aîné François de Lorraine, prince de Joinville (1639), il fut devenu l’ainé de la famille, il rentra dans le monde. Il fut compromis dans l’affaire du comte de Soissons. Plus tard, à partir de 1647, ses prétentions sur le royaume de Naples l’engagèrent dans une suite d’aventures plus ou moins chevaleresques, dont le dénoûment ne fut pas heureux. Il mourut en juin 1664. — « Serviteur avoué de Mme de Montbazon, dit V. Cousin (la Jeunesse de Madame de Longueville, p. 245), il avait épousé sa querelle, sans être entré néanmoins dans les violences de Beaufort, et il était resté debout en face des Condé victorieux. »
  2. Coligny étoit foible et peu adroit. (1817, 26, 38.)
  3. Godefroi comte d’Estrades, qui fut maréchal de France en 1675. Il prit part aux négociations de la paix de Nimègue, et mourut en 1686. Il a laissé des Lettres et Négociations, la Haye, 1743, 9 volumes in-12.
  4. Le marquis de Bridieu, gentilhomme limousin, était écuyer du duc de Guise. Il fut fait lieutenant général en 165o, après avoir défendu contre Turenne et les Espagnols, durant vingt-quatre jours de tranchée ouverte, la ville de Guise (Aisne), dont il était gouverneur.
  5. Le 12 décembre 1643, cinq mois après l’affaire des lettres.
  6. En lui ôtant. (1817, 36, 38.)