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Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t2, 1874.djvu/529

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faute de savoir que je n’eusse pas voulu, pour mourir, les ôter à ses proches, quand elles m’auraient pu accommoder, on me traita en cette occasion comme on avait fait en la précédente : de sorte que, dans les choses que j’aurais refusées aussi bien que dans celles que je désirais, je reçus des marques certaines de la bonne volonté qu’on avait pour moi. Encore ne crut-on pas que ce fût assez de payer mes derniers services de méconnaissance : on y voulut ajouter quelque sorte d’affront, et, dans le temps que mon affection et mon autorité paraissaient à l’envi dans toute l’étendue de ma charge, je découvris qu’on employait jusqu’à des personnes quasi inconnues pour y avoir l’œil et pour en mander à la cour ce qui leur en semblait.

L’âge, l’expérience et la dignité de mon père ne le garantirent pas d’un pareil mépris ; et, quoique six ans de disgrâce et de bannissement n’eussent pas empêché le cardinal de Richelieu, qui en était cause, de le choisir en six cent trente-six, pour aller commander en Poitou, Xaintonge et Angoumois, et de donner ordre à MM. de Brassac et de Parabère de le venir trouver et de recevoir les siens ; quoique cet emploi lui eût assez bien succédé pour offrir au feu Roi de lui mener en Picardie douze cents gentilshommes et six mille hommes de pied, et quoique ce prince et son premier ministre eussent dit séparément qu’il n’y avait que lui en France capable de cela : toutes ces choses-là, dis-je, n’obligèrent