Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t2, 1874.djvu/70

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disgrâce[1] : pendant ce temps[2], j’ai écrit ce que j’ai vu des troubles de la Régence. Bien que ma fortune soit changée, je ne jouis pas d’un moindre loisir : j’ai voulu l’employer à écrire des événements plus éloignés[3], où le hasard m’a souvent donné quelque part.

J’entrai dans le monde quelque temps devant[4] la disgrâce de la Reine mère, Marie de Médicis[5]. Le roi Louis XIII, son fils, avoit une santé faible, que les fatigues de la chasse avaient usée avant l’âge ; ses incommodités augmentoient[6] ses chagrins et les défauts de son humeur[7] : il étoit sévère, défiant, haïssant le monde ; il vouloit être gouverné et portoit[8] impatiemment de l’être. Il avoit un esprit de détail appliqué uniquement

    de feu au combat du faubourg Saint-Antoine, le 2 juillet 1652, le duc de la Rochefoucauld fut longtemps à se guérir. L’inaction à laquelle il se vit alors condamné sembla venir à point pour le délier d’une fidélité, désormais embarrassante et stérilement héroïque, envers Condé et ceux des Frondeurs qui voulaient être ou paraître irréconciliables. Voyez, au tome I, la Notice biographique.

  1. Après avoir passé l’année 1653 à Damvilliers, en Lorraine (voyez p. 137, note 6), la Rochefoucauld obtint en 1654 la permission de revenir en France et se retira dans sa terre de Verteuil, en Poitou. En 1659, il reparut à Paris, guéri des aventures politiques, qui ne lui avaient guère réussi, et dorénavant tout entier au commerce des lettres et du monde.
  2. Ces temps. (1817, 1826, 1838.)
  3. La Rochefoucauld a refondu du même coup son premier récit de ce qu’il avait « vu des troubles de la Régence. » Voyez la Notice en tête de ce volume et le fragment primitif des Mémoires placé à l’Appendice, n° I.
  4. Avant. (1817, 26, 38.)
  5. Voyez ci-après, p. 16-18.
  6. Augmentoient aussi. (1817, 26, 38.)
  7. Mme de Motteville, au tome I de ses Mémoires (p. 9), dit que Louis XIII était, dans sa jeunesse, « fort beau, fort bien fait, » et que d’abord la Reine sa femme « le trouva fort aimable, » mais que « les fatigues qu’il prit depuis à la chasse, ses longues maladies et son chagrin naturel l’avoient, sur la fin de sa vie, infiniment changé. »
  8. Et portoit quelquefois. (1817, 26, 38.)