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Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/119

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soirs après le souper, il se présentait devant le maître de la grande case pour lui faire son rapport et recevoir ses ordres. Il exprimait son opinion sur la culture comme sur la main-d’œuvre. Il formulait ses plaintes contre tel ou tel travailleur : le maître, comme un juge, dosait le châtiment, une nuit aux ceps ou un nombre déterminé de coups de fouet. La geôle était une hutte où l’esclave était étendu sur un lit de planches, les pieds passés dans des ceps assez larges pour ne pas blesser les chevilles. Mais il y avait, en dehors de ces peines bénignes, tout un jeu de châtiments et de tortures, dont je dirai ailleurs la gravité et aussi les conséquences terribles pour la sécurité des colonies. Dans les colonies espagnoles, le commandeur avait à la ceinture un pistolet dont il n’hésitait pas à brûler la cervelle d’un nègre récalcitrant. Mais son arme habituelle était le fouet : « Le fouet, écrivait Schoelcher, est la cloche des habitations ; il annonce le moment du réveil et celui de la retraite ; il marque l’heure de la tâche et l’heure du repos ; le jour de la mort est le seul jour où le nègre goûte l’oubli de la vie sans le réveil du fouet. »

LA PROVIDENCE DES GENS DE COULEUR

Chaque plantation a une infirmerie desservie par une négresse. « Il est plus d’une créole estimable dont le premier soin en s’éveillant est d’aller visiter l’hôpital de son habitation, écrivait Moreau de Saint-Méry. Quelquefois même,