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Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/123

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que l’on rend martiale en la faisant fermenter dans une vieille chaudière de fer. »

D’où provenait cette maladie mystérieuse ? Thibault de Chanvalon ne le savait trop. Fallait-il en chercher l’origine dans la nourriture des malheureux nègres, dont certains mangeaient de la terre, un tuf rouge-jaunâtre, très commun aux Antilles ? Ou était-ce une cause d’ordre moral, le chagrin d’avoir quitté leur famille et leur pays avec la livrée des esclaves ?

La réponse à la question posée devant l’Académie des sciences, se fit attendre un siècle et demi. Le mal d’estomac n’était autre chose que la maladie du sommeil, que l’on combattit longtemps en effet avec des sels de fer, « la boisson martiale » dont parlait Thibault. Somnolence, engorgement ganglionnaire, œdème, il en avait parfaitement noté les phases. Mais c’est seulement de nos jours qu’on en a déterminé l’agent infectieux, le trypanosome, que véhicule la mouche tsé-tsé des marécages africains. Et voilà pourquoi, aux Antilles, blancs et nègres créoles en étaient exempts.

LES MARINS NÈGRES DES BERMUDES

Aux Bermudes, les nègres connurent la félicité. Des beaux cèdres rouges qui s’y dressent, ils fabriquaient des sloops, dont leurs maîtres leur confiaient le commandement. Il n’y avait pas de meilleurs caboteurs ni de plus hardis contrebandiers. Leur adresse allait de pair avec leur fidélité. « La ponctualité avec laquelle ils gèrent les