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Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/130

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LE LANGAGE CRÉOLE

À la macédoine de races que l’Afrique avait déversée en Amérique, il fallait un lien, un idiome, une religion. L’idiome fut, aux Antilles, le créole, qu’un Suisse définissait : « le français remis en enfance. » L’infinitif précédé de pronoms personnels, — moi vouloir, — peu d’adjectifs, un flux d’adverbes amplificateurs, — trop, très, — des onomatopées pour figurer les coups de canon, de fusil, de bâton ou de fouet, — boume, poume, bimme, vlap vlap, — tel était ce « langage faible, maussade et embrouillé, d’une tournure insipide, dépourvu de grâce et d’énergie, bref, un mauvais jargon », disait Girod-Chantrans.

Moreau de Saint-Méry releva le gant. Propos de Suisse, déclarait-il : « Son baragouin ne passera pour du créole qu’auprès de nos savants qui en introduisent un du même genre sur les théâtres et qui persuadent aux Parisiens que c’est le véritable. J’en appelle aux séduisantes créoles, qui ont adopté ce patois expressif pour peindre leur tendresse ! Il est mille riens que l’on n’oserait dire en français, mille images voluptueuses que l’on ne réussirait pas à peindre avec le français et que le créole exprime ou rend avec une grâce infinie. »


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Ce créole naïf, si léger qu’à l’entendre,
On dirait le chant d’un oiseau
Sifflant dans la ramure,