Aller au contenu

Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/146

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les jongleurs, les baladins, les poètes et les musiciens de l’Afrique », de véritables dictionnaires au surplus, qui recueillaient dans leur impeccable mémoire, les annales de la tribu, la généalogie des familles nobles, les exploits des héros et les croyances religieuses comme les coutumes sociales, pour les transmettre fidèlement à la postérité.

LA POÉTESSE PHILLIS ET SES FRÈRES DE COULEUR

Affranchis et convertis au christianisme, les nègres s’élevaient souvent bien au-dessus de la misérable condition de leurs frères : tels, l’habile avocat noir de Boston qu’on appelait le docteur Peter et surtout sa femme, une négresse d’Afrique qui avait appris le latin et qui publia, en 1772, à dix-neuf ans, un recueil de poésies anglaises d’une exquise sensibilité. Lisez plutôt les vers de Phillis consacrés à la mort d’un enfant :

« Où s’est enfui mon bien-aimé James ? Crie le père. Quand son âme voltige dans les airs, anges consolateurs, indiquez-moi le lieu de son passage.

— « Ton fils habite la région céleste, essuie tes pleurs, et prépare-toi à le suivre », répond un chérubin à la face sereine, en s’inclinant du haut de l’empyrée. Que cet espoir amortisse tes douleurs et change tes complaintes en cris d’allégresse. Sur l’aile de la Foi, élève ton âme à la voûte du firmament, où, mêlant sa voix à la voix de purs esprits, cet enfant fait retentir les cieux de concerts inspirés par le bonheur. Cesse d’accuser