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Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/164

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Old Jewry, était censé se faire entendre « Ottobah Cugoano, Africain, esclave à la Grenade et libre en Angleterre ». Aux Anglais, à Wilberforce notamment, qui fut proclamé citoyen français, s’associèrent de nobles esprits pour fonder à Paris la Société des Amis des Noirs. Brissot de Warville, son président, s’honorait d’être membre de sociétés similaires instituées à Londres, New York et Philadelphie. De grands noms dans la science ou dans la politique, Lavoisier, La Fayette, Mirabeau, Volney, Sieyès, Pastoret, l’appuyaient de leur autorité. Mirabeau tonnait contre les « bières mouvantes » qu’étaient les navires négriers.

C’était l’instant où se réunissaient, pour la première fois depuis près de deux siècles, les États généraux de la France. Les paroles enflammées du président du Club des Amis des Noirs touchèrent des députés influents comme Condorcet et Robespierre. Mais ce fut surtout un humble curé de campagne qui se fit le défenseur des noirs, comme il l’était des juifs : « Tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits », proclamait l’abbé Grégoire, ce qui n’était que le commentaire de la déclaration des droits de l’homme.

« Généreux Français qui avez les premiers adouci les misères de vos esclaves, protégé leur sort et soulagé leurs infortunes, disait le More-Lake, vous avez tenté de les instruire dans ce culte sacré que toutes les créatures sensibles doivent au Créateur. Vous avez surpassé toutes les nations européennes en vertu et en sensibilité. »

Le 19 septembre 1789, arrivait à Port-au-