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Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/171

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trouvé à s’assouvir… Dès 1786, dans la paroisse de Jérémie, une accoucheuse de race mondongue n’avait-elle pas mangé les nouveau-nés qu’elle mettait au monde !

Et la terreur était accompagnée de ricanements. Biassou et les siens dominaient de leurs refrains joyeux les hurlements des malheureux auxquels ils arrachaient les yeux avec des tire-balles. Jeannot riait à gorge déployée en buvant le sang des jeunes filles blanches qu’il venait de violer et de décapiter. Dessalines, forcé de lever le siège de Santo-Domingo, brûlait et massacrait tout, en chantant l’air de marche qu’il avait improvisé, paroles et musique :


Carabinier n’allé, n’a vini encore.


Écoutez maintenant l’avocat des nègres, Juste Chanlatte. Le général Leclerc, beau-frère de Bonaparte, vient de mourir. Son successeur pense triompher de la rébellion par la terreur. Ce ne sont pas, comme dans les noyades de la Loire, des bateaux à soupape qu’il emploie, mais des navires où les victimes des deux sexes périssent, asphyxiées par des vapeurs de soufre. Dans la ville du Cap, la cour d’un couvent est aménagée en amphithéâtre, tel le cirque des Romains. Un noir est « traîné en pompe » vers le poteau où il est « attaché et, pour ainsi dire, cloué ». Alors paraissent des dogues que des piqueurs tiennent en laisse et qu’ils excitent en leur faisant flairer hors de portée la proie. Quand la rage de ces chiens affamés est à son paroxysme, on les lâche contre l’homme qui devient leur pâture.