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Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/178

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du général de Fontanges : — Aide-de-camp, disait-il amèrement aux officiers du Railleur, alors que j’aurais dû être, sous Napoléon, maréchal de France !

Son bataillon de pionniers noirs n’était pas le seul dont se fût accrue l’armée de la République. Il y en avait un autre, le bataillon de Saint-Domingue, formé de nègres qui traînaient dans les rues de Nantes, où, de jour et de nuit, « ils poussaient l’insolence jusqu’à insulter les citoyens ». D’autres noirs ou mulâtres, en l’an X, avaient été répartis, comme musiciens et tambours, dans divers corps d’armée. Ils n’étaient autres que les élèves de l’Institution coloniale fondée en l’an IV par le citoyen Coisnon pour éduquer les enfants de Toussaint-Louverture, Rigaud et autres chefs noirs de Saint-Domingue.

L’idée d’employer comme soldats les nègres qui venaient, fugitifs ou non, en France, remontait au maréchal de Saxe. Il en avait recrutés comme volontaires. Mais le ministre de la guerre lui en avait montré, dès le 3 novembre 1747, les inconvénients : « L’établissement de votre troupe de nègres a causé beaucoup d’inquiétude aux habitants des îles. Nos colonies auraient infiniment plus à craindre de la supériorité des esclaves, s’ils avaient quelque chef capable de la leur faire connaître et d’en faire usage, que de tous les efforts que les ennemis pourraient faire contre elles. » Paroles prophétiques ! Nous allions en éprouver la justesse à nos dépens.