Aller au contenu

Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/183

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

en 1835 à Bassa-Cove, forgerons, tailleurs, charpentiers, maçons…, tous unis en société de tempérance, furent décimés par les tribus du voisinage. Mais au même moment, d’autres gens de couleur, venus du Maryland, fondaient au cap Palmas la colonie du Maryland in Liberia, qui étendit son action sur une frontière maritime de 130 milles anglais et reçut des directives d’une société de colonisation fondée à Baltimore.

En 1847, Libéria avait sa constitution, analogue à celle des États-Unis, sénat, chambre des représentants et président élu ; pour capitale, Monrovia, en mémoire de Monroe ; pour drapeau, six bandes rouges et cinq blanches alternées ; et pour sceau, une colombe volant au-dessus d’un navire et une charrue à l’ombre d’un palmier. — « The love of liberty brought us here », lisait-on au-dessous de son écusson.

L’esclavage était prohibé, la liberté des cultes proclamée. Peu de documents d’État surpassèrent en dignité de pensée les messages du président Roberts. De là, pensait-on, de cette oasis de paix, la civilisation, les arts et les sciences rayonneraient jusqu’au centre de l’Afrique. Quelle illusion !

Certes, en 1849, le président Roberts, secondé par trois corvettes française, anglaise et américaine, marquait son intention de réprimer la traite en allant détruire à New-Sesters des barracons d’esclaves et en rendant ainsi des milliers de noirs à la liberté ! Certes, les nations civilisées faisaient au nouvel État confiance, en expédiant à Monrovia une centaine de bâtiments de commerce. Mais le commandant de notre division nationale,