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Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/201

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guerre anglais, qui croisaient constamment sur la côte de Guinée et sur les côtes de Cuba, vous guettaient au passage ; et les négriers qui étaient pris, finissaient séance tenante leur carrière ici-bas au bout d’une vergue. L’on était impitoyablement pendu, car les Anglais, ayant aboli l’esclavage dans leurs îles, n’entendaient pas que les Espagnols en profitassent pour leur faire concurrence en cultures de sucre et de café.

« Aussi pour la traite fallait-il de fins voiliers. Le succès du voyage, qui était fort coûteux, et la vie de l’équipage dépendaient de la marche du navire. On s’adressait en général aux armateurs yankees, qui connaissaient bien leur métier de constructeurs de navires. Les meilleurs capitaines négriers venaient de Boston ou de quelqu’autre part des États puritains du Maine, du Connecticut ou du Massachussetts. Une fois sur la côte de Guinée, on traitait au mieux avec les potentats du pays. Souvent ils nous présentaient des prisonniers en mauvais état de santé : s’ils ne réussissaient pas à nous les vendre, ils les faisaient impitoyablement massacrer. On donnait un assez mauvais fusil pour un jeune noir bien taillé et robuste. Les rois nègres ne conservaient habituellement la vie que des prisonniers qu’ils espéraient nous vendre ; et les noirs nous suppliaient de les acheter.

«  Une fois qu’on avait choisi son « bétail » et qu’il était payé, on en prenait autant de soin que les circonstances le permettaient. On le nourrissait abondamment et le mieux possible ; les négriers avaient toujours des vivres et de l’eau douce en abondance. La place à bord était naturellement