Aller au contenu

Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/207

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

possédaient, et de tonner contre les saturnales des nègres qui, de Noël au premier jour de l’an, ne faisaient que battre le tambour, jouer du violon et danser ou chanter à cœur joie. Et voyez le contraste dans l’île anglaise de Saint-Christophe : depuis la suppression de l’esclavage, écrit Gurney, « le changement qui s’est opéré en mieux dans l’habillement, dans les manières et dans le bien-être du peuple, est véritablement prodigieux ». À Antigoa, un ministre méthodiste s’extasie sur l’état florissant des plantations, tant les nègres témoignent de bonne volonté et de zèle : aux pauvres, la Société des Repas Quotidiens donne des aliments substantiels, et aux malades un lit. C’est « le repos du ciel ». Privé jusqu’alors d’écoles, la Dominique, « qui parle un patois français barbare », a profité autant que les autres îles anglaises de l’émancipation des noirs : on ne les voit plus passer leurs journées nonchalamment accroupis dans des terrains incultes : la vallée enchantée du Roseau offre la plus magnifique verdure : les cachots, où jadis on enfermait les esclaves punis, ne sont plus que des étables à porcs ; 700 élèves fréquentent les écoles.

Et le dithyrambe de Gurney continue pour les autres Antilles, sauf qu’à la Jamaïque, il estimait qu’il eût été sage d’améliorer les rues et les routes plutôt que de construire un théâtre à Kingston. Il constatait avec plaisir que les nègres faisaient de véritables sacrifices pour se procurer de belles bibles dorées sur tranches. Baptistes et méthodistes avaient une action de plus en plus grande sur la population de couleur ; dans le