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Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/212

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LA DERNIÈRE ÉTAPE DE LA LIBERTÉ AUX
ANTILLES ESPAGNOLES ET AU
BRÉSIL PORTUGAIS

Avec une force irrésistible, l’émancipation des esclaves se poursuit. Au 1er janvier 1860, elle devra être un fait accompli dans les colonies hollandaises de Surinam et Curaçao. Le Portugal marche à pas plus lents. Si une série de lois de 1854 à 1856 libèrent les esclaves appartenant à l’État, aux municipalités, aux établissements charitables, aux églises, si tour à tour l’Inde portugaise, le Mozambique, la Haute-Guinée furent débarrassés du chancre hideux, il faudra attendre jusqu’à l’année 1871 pour en voir libérer — sur le papier — le Brésil : car seul était déclaré libre l’enfant né d’une esclave.

Plus lente encore a été l’Espagne. Ni à Cuba, ni à Porto-Rico, elle n’a pourtant à craindre les sanglantes vêpres de Saint-Domingue : les hommes libres sont un million pour 368.000 esclaves dans l’une, un demi-million pour 42.000 noirs dans l’autre. « Qu’on applique immédiatement la hache à la racine de cet arbre maudit de l’esclavage, — écrit Augustin Cochin en 1869, — afin qu’il ne reverdisse jamais. Et la Havane deviendra le Londres des Tropiques. L’heure inattendue où il faut payer ses dettes à l’inévitable justice, n’est jamais douce. » Elle sonna pour l’Espagne en 1872. Cette année-là, elle abolit l’esclavage à Porto-Rico. Pour avoir voulu devancer l’heure de la liberté, les noirs de Cuba ne l’entendirent sonner qu’en 1886.