et la mort d’un nègre, l’enfant lisant la Bible sur les genoux de l’esclave, mourant dans les bras de l’esclave, en l’appelant après elle dans le sein de Dieu, voilà tout le livre. L’oncle Tom, un nègre chrétien, meurt sur l’ordre d’un maître inhumain et sous les coups d’un nègre idolâtre, auquel il pardonne. Un blanc charitable s’agenouillera sur la tombe, en faisant le serment de délivrer son pays de la malédiction de l’esclavage. Les saints ont leur griffe : c’est celle d’un lion : elle allait saisir à la gorge les tortionnaires.
La Case de l’oncle Tom eut un succès foudroyant. Cent vingt éditions furent vendues aux États-Unis en moins d’un an, quarante autres en Angleterre. « C’est le coup le plus profond qui ait jamais été porté à cette institution impie, l’esclavage, écrivait John Lemoinne dans le Journal des Débats ; et ce coup a été porté par la main d’une femme. » Une autre femme, George Sand, renchérissait : « Ce livre est dans toutes les mains. On le dévore, on le couvre de larmes. On regrette qu’il y ait tant de gens condamnés à ne le lire jamais. Ilotes pour la misère, esclaves pour l’ignorance, pour lesquels les lois politiques ont été impuissantes jusqu’à ce jour à résoudre le double problème du pain de l’âme et du pain du corps. »
LA GUERRE DE SÉCESSION
L’orage grondait désormais aux États-Unis. L’exécution d’un antislaviste du Kansas, en 1859,