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Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/235

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fut le témoin subreptice, à la faveur des ténèbres, selon sir Spencer Saint-John, ancien consul général d’Angleterre à Haïti. La prêtresse, montée sur la cage du serpent, avait déjà sacrifié un coq et un chevreau, dont le sang avait aspergé l’assistance, quand un des fidèles s’avança vers la mamanloi et dit : « Oh ! maman, accordez-nous le sacrifice complet, celui du chevreau sans cornes. Le chevreau sans cornes était là, les pieds liés. C’était un enfant. Une corde pendait à une poulie ; il y fut attaché, la tête en bas. Au cri affreux qu’il poussa en voyant le couteau du sacrificateur, une exclamation indignée répondit : « Épargnez l’enfant ! » Le prêtre français n’avait pu se taire. Il fut jeté brutalement dehors… Le lendemain, on ne trouva plus de l’enfant qu’un crâne bouilli.

C’était dans le temps de Noël qu’avait lieu le sacrifice humain. La veille du premier jour de l’année 1864, près de Port-au-Prince, une enfant de douze ans, Clairine, était étranglée, puis décapitée. Son sang recueilli dans une jarre, son pauvre petit corps écorché, une procession se forma, clochette tintant en tête, pour porter la chair humaine dans la salle du festin. Par une fente de la cloison, une fillette avait aperçu l’orgie des cannibales : surprise, elle allait devenir leur proie ; elle était déjà, toute ligotée, sur l’autel du sacrifice, quand la police apparut :

— « Serai-je donc mise à mort pour avoir observé nos anciennes coutumes », hurlait la mégère, fille d’une prêtresse du Vaudoux, qui avait elle-même étranglé sa nièce. Vêtus et coiffés de blanc comme les parricides, les anthropophages,