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Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/246

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au défilé : mousquetaires par rangs de quatre, trompettes, tambours et flûtes de la « chambre du roi », femmes du roi chargées de présents pour le serpent, nains, grand maître des cérémonies, mère du roi en costume magnifique, chapeau de jonc sur la tête et canne à la main, musiciennes du palais, grand sacrificateur, forment une procession de plusieurs centaines de personnes qui s’acheminent vers le palais du Serpent. Devant la porte, tous se prosternent le visage contre terre, se jettent de la poussière sur la tête et poussent des cris de joie : « Les femmes ne sont pas plus muettes dans ce pays-là que dans le reste du monde. »

De quand datait le culte du python à la robe brune semée de fleurettes grises ? D’une victoire, paraît-il, des gens de Whydah sur ceux d’Allada, un serpent s’était glissé, comme un porte-bonheur, dans les rangs de la tribu victorieuse. Dralsé de Grand-Pierre déconseillait « aux poulettes de Paris de devenir les épouses de ces messieurs. Dès qu’ils ont le moindre dégoût pour les leurs, ils s’en défont en les vendant : ils tirent ainsi de l’argent de la chose la plus incommode, je veux dire d’une femme qui ne plaît pas ».

Allada et Whydah, vaincus et vainqueurs, en 1726, furent mis d’accord par un troisième larron. Compagnie par compagnie avec drapeaux, les officiers à mulets, les soldats et les amazones fusil à l’épaule, sabre au côté, des enfants de troupe au milieu des rangs, la seule armée régulière des royaumes noirs déferlait sur les villes voisines de la côte, qu’elle submergea. C’était l’armée du roi de Dahomey. Les gens de Whydah,