Aller au contenu

Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/262

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Dominique, à l’ombre du pic du Grand Diablotin, les métis de Français, de Caraïbes et de nègres ont gardé, avec la religion catholique, notre parler créole. En Alabama, en Louisiane, il en est de même : « et à bien des points de vue, ce n’est pas à regretter », affirme l’historien anglais Harry Johnston, qui poursuit :

« Encore plus marquée, cela va sans dire, est la francisation des Antilles qui sont restées sous la domination de la France ou des nègres de Cayenne. Mais là ne doit-on pas limiter cette influence sur les nègres du nouveau monde ou, plus encore, sur les négroïdes.

« La mère-patrie du Brésil n’est pas le Portugal, les États-Unis ou l’Allemagne : c’est la France, parce que là-bas il y a un très fort élément nègre et négroïde, peut-être plus de huit millions. Et un grand nombre de ces Brésiliens colorés de noir sont des amateurs d’art et de musique, à qui la France, et par-dessus tout Paris, est une véritable Mecque. Les négroïdes de l’Amérique Centrale et des Indes Occidentales tournent leurs pas plutôt vers New York, Boston, Washington et Chicago. Mais pour le reste des vingt-deux millions de gens de couleur disséminés dans le monde, le pôle magnétique est toujours Paris. » Et l’on peut généraliser encore. Faut-il évoquer ici l’enthousiasme avec lequel les soldats des régiments noirs des États-Unis, durant la Grande Guerre parlaient de la France :

« Je suis noir, et tu es blanc, disait au capitaine Landolphe le roi d’Owhère au Bénin. Quand tu arriveras en France, tu diras à tes armateurs que,