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Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/35

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le verrons, de les venger. En 1779, nouvelle révolte. Un agent de la Compagnie de la Guyane, Lamiral, a acheté un grand nombre de nègres ; entreposés dans l’île, les esclaves liment leurs fers à l’aide de lames de couteaux et se munissent de haches qu’ils cachent sous terre. Tout à coup, la captiverie retentit de cris affreux ; les haches font leur œuvre. Les nègres mettent le feu aux cases et se jettent à l’eau pour se sauver, en massacrant les plus faibles d’entre eux : l’un emporte même la jambe de son camarade de chaîne. Un feu de pile en abattit quatre-vingt-dix. Le reste fut maté.

Au nord de la Gambie, de redoutables combattants restent idolâtres ; à la veille de faire campagne, les conseillers du roi s’assemblent dans une clairière, autour d’un trou, ventre à terre, la bouche au-dessus de l’orifice, ils donnent tour à tour leur avis ; la décision prise, le trou est rempli de terre, afin d’ensevelir le secret de leur délibération. Si ces nègres, les Barbacins de Ca’ da Mosto, restent insaisissables à l’abri de leurs forêts vierges, les Toucouleurs, en amont du Sénégal, n’échappent point à la traite et se vendent, à raison de six ou sept, pour un mauvais cheval.

Ces braves Sénégalais connaissent la gaieté. Dans leurs Cullungées, qu’a narrées J.-B.-L. Durand, les danseurs, coiffés d’un haut bonnet de roseaux et de plumes, les yeux, la bouche et le nez peints en blanc, un petit jupon de roseaux accroché à la ceinture, marquent la mesure en frappant en cadence deux morceaux de bois l’un contre l’autre. Le son du tambour accompagne