Aller au contenu

Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Gambie ; pour les Portugais, à Cacheo en Casamance et aux îles Bissagos.

À mille toises du fort James, était Albreda, où abondaient esclaves et captifs, sous la garde d’un roi « très pur dans ses mœurs et fort scrupuleux observateur de la religion de Mahomet ». Au temps où s’y rendit Golberry, « les premiers rayons du soleil le trouvaient, tous les jours, prosterné dans son jardin, le visage tourné au Levant, environné de ses femmes, de ses enfants, de ses esclaves dont il était tendrement chéri, et célébrant avec une grande ferveur la prière du matin ».

« L’EMPEREUR » DES BISSAGOS

Lorsqu’André Brue, sous le règne de Louis XIV, visita l’archipel des Bissagos, il fut reçu à l’île Cazégut, avec des honneurs réservés aux divinités. Un nègre monta à bord de la corvette française, un coq à la main, il se jeta aux genoux du gouverneur du Sénégal, puis, tourné vers l’orient, il égorgea le coq dont le sang s’épandit, comme une offrande, sur les pieds de son hôte. Il répéta la même cérémonie vis-à-vis du mât et de la pompe : les blancs, pour lui, n’étaient-ils pas « les dieux de la mer, le mât une divinité qui faisait marcher le bâtiment, la pompe un miracle, puisqu’elle faisait monter l’eau » ! Très sociables, les nègres de Cazégut n’en étaient pas moins une peuplade cruelle où les pères vendaient leurs enfants, où la peau de leurs victimes, séchée et tannée, ornait comme un trophée la façade des