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Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/39

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des îles du Cap Vert et de Madère et la province de Para au Brésil.

LES ATELIERS DE NÈGRES AUX ÎLES DES IDOLES

Au sud, dans le petit archipel des îles des Idoles, les Anglais avaient formé des établissements fort bien conçus, habitations, hangars, chantiers de construction et de radoub, où, sous la direction d’un petit nombre de blancs, les noirs exécutaient tout ce qu’on pouvait faire dans un petit port d’Europe. Captifs et nègres libres y étaient charpentiers, voiliers, cordiers, menuisiers, forgerons, maçons, pilotes ; et ils construisaient, au temps de Golberry, des navires d’une centaine de tonneaux qui sillonnaient les côtes de Sierra Leone.

Nous tentâmes alors, sous Louis XVI, de créer un établissement dans les états du roi de la rivière de Sierra Leone, « un bien petit prince, mais un bon roi : cœur droit, esprit juste, jugement sain, ses sujets l’adoraient. Il leur devait sa couronne, un bonnet de toile bleue, et son trône, une natte de paille. Mais qu’importe une fastueuse ostentation » ! Il ne dédaigna point pourtant l’habit vert galonné d’or et l’habit vert galonné d’argent que lui offrait le roi de France.

Les coutumes du Sierra Leone ne manquaient point de pittoresque. Le roi voulait-il choisir un conseiller ? Il le faisait asseoir dans « la chambre du Conseil » et lui donnait l’investiture en le frappant sur les joues avec les boyaux sanglants d’une chèvre qui lui barbouillaient le visage.