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Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/42

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LES BONNES-GENS ET LES MAL-GENS ANTHROPOPHAGES


Du cap des Palmes à celui des Trois-Pointes, s’étend la Côte d’Ivoire ou des Dents, ainsi nommée à cause de sa richesse en défenses d’éléphants. « Ils mettent bas leurs défenses tous les trois ans comme les cerfs leurs bois », expliquait candidement Villault de Bellefond. À quoi le P. Labat rétorquait qu’on n’avait jamais vu tomber les défenses de l’éléphant entretenu à Versailles.

La rivière de Botrou isolait des Bonnes-Gens, les Mal-Gens. Menteurs, méchants, traîtres et féroces, les Mal-Gens avaient si peu de confiance en autrui qu’ils exigeaient de chaque capitaine qu’il descendît de son bord : un pied sur une chaloupe, l’autre sur la préceinte de son vaisseau, il devait s’humecter d’eau de mer les yeux pour attester sa bonne foi, la violation d’un serment devant entraîner la perte de la vue. Quant à eux, les Mal-Gens

« C’étaient les plus féroces de tous les nègres. Jusqu’ici, disait le P. Loyer, on n’a pu les apprivoiser. Ils ont la bouche comme de l’écarlate. Ils se liment les dents pour les rendre fort pointues, ce qui, parmi eux, est un agrément. Ils sont anthropophages et mangent tous les blancs qu’ils peuvent attraper. » La chair blanche était un ragoût de choix : les Hollandais en firent l’expérience : quatorze d’entre eux furent dévorés en un seul repas, au rio Saint-André. Ce qui