Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/45

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fort, leur enlevant caisse, trompette et drapeau.

Comment, après pareille preuve d’amitié, eût-on l’idée d’évacuer la position d’Assinie ! Les nègres refusèrent de nous aider au déménagement : « Si vous étiez gens de parole comme vous êtes gens de bien, nous disait une amazone à la démarche fière, la reine Afamouchou, toutes les côtes de l’Afrique seraient sous votre puissance ; mais vous promettez tout et ne tenez rien. » En vain, lorsque la Sphère avait relâché, en 1707, à Assinie, Aniaba et ses nègres avaient-ils supplié nos gens de les débarrasser des Brandebourgeois établis au cap des Trois-Pointes. Ils n’avaient pas été écoutés.

Ces gens, qui étaient d’une extrême douceur, avaient enclos de crânes leurs bosquets-tabous, où « l’enfoncement de grands arbres formait une infinité de perspectives admirables ». Des têtes coupées s’amoncelaient en pyramides dans le hangar de justice, où le roi d’Assinie prononçait ses arrêts. Et lors de la fondation d’un village les viandes d’animaux fétiches étaient mélangées avec le cœur, le foie et les entrailles d’une victime humaine.

L’APOSTASIE D’UN PASTEUR NÈGRE

Les Hollandais avaient tenté de réagir par l’apostolat. Un petit nègre, vendu en 1725 à un de leurs capitaines, avait été élevé à la Haye par un directeur de la Compagnie des Indes Occidentales. Baptisé sous le nom de Jacob Elisa Johannes Kapitein, il s’était attaché à l’étude de la théologie,