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Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/84

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nègre est pièce d’Inde, c’est-à-dire si son âge, de seize à trente ans, le rend propre à être vendu aux Indes, scrute les aisselles, l’aine, fait jouer les articulations, examine le sujet de la tête aux pieds. Deux négrillons comptent pour une pièce d’Inde, et trois jeunes négresses pour deux.

« Les Français sont souvent dupes dans l’examen qu’ils en font. Ils se fient trop facilement au rapport des interprètes, et leur inclination, naturellement compatissante, s’oppose à des perquisitions qui choquent la bienséance et font souffrir l’humanité. Heureuse timidité, que je n’ai garde de blâmer ; elle fait trop d’honneur à la nation dans la cruelle nécessité où elle est de faire un si étrange commerce. Les Portugais, les Anglais, les Hollandais, dans la visite qu’ils font de leurs esclaves, n’oublient aucune partie de leur corps, ni aucune attitude dont ils sont susceptibles ; ils les remuent avec violence ; ils les font courir, sauter, crier. Ils n’ont pas honte de s’abaisser jusqu’à leur lécher la peau pour découvrir par le goût de la sueur s’ils n’ont pas contracté certaines maladies. » Mais les vendeurs ont souvent dopé leur triste marchandise, en la frottant d’huile de palmier.

Un œil expérimenté ne s’y trompait pas. Un nègre, aux muscles saillants, à la peau luisante, d’excellente santé, semblait-il, était rebuté, en 1826, par un facteur de Bangalang. — Sans valeur, avait dit le marchand. Et de fait, quelques jours plus tard, le nègre n’était plus qu’une pauvre loque paralysée. On l’avait gonflé au moyen de drogues lors de la vente et, pour donner