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Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/99

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qui étaient venus y trouver un tombeau ».

Prenons comme moyenne la statistique établie par Norris pour l’année 1788, soit 74.200 esclaves. Et sans parler du seizième siècle où elle était moins intense et pratiquée seulement par les Hispaniques, la traite aurait pompé en Afrique, aux dix-septième et dix-huitième siècles, quinze millions d’individus. Dans le demi-siècle qui suivit, de 1798 à 1848, — les documents parlementaires de la Grande-Bretagne nous l’apprennent, — elle atteignit cinq autres millions. C’est donc vingt millions de noirs au minimum qui émigrèrent au nouveau monde.

Le tableau de Norris pour l’année 1788 nous renseigne sur les divers points de succion de la pieuvre humaine : Gambie, 700 nègres ; îles de Los, 1.500 ; Sierra Leone, 2.000 ; côte des Graines, 3.000 ; cap des Palmes, 1.000 ; côte d’Or, 10.000 ; Quitta et Popo, 1.000 ; Whydah, 4.500 ; Badagry, 3.500 ; Lagos et Bénin, 3.500 ; Bonny et Calabars, 21.500 ; Gabon, 500 ; Loango et Cabinda, 13.500 ; Mayombe et Ambriz, 1.000 ; Loanda, 7.000.

Les Angolas, ainsi appelait-on tous les nègres de la côte du Sud, n’étaient ni les plus laborieux, ni les plus robustes, s’ils étaient les plus abondants sur le marché des esclaves. Ils avaient leur débit surtout au Brésil, où la taxe d’importation, à huit livres sterlings par tête, rapporta parfois au trésor un million de sterlings ; ce qui supposerait, certaines années, une traite beaucoup plus intense que le chiffre que j’ai adopté comme moyenne. Le P. Rinchon évalue à treize millions un quart la déportation des seuls Congolais.