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LA SAGA DE FRIDTHJOF LE FORT.




I.

origine et éducation de fridthjof et d’ingibjörg.


Au pays de Sogn[1] — ainsi commence cette saga — régnait le roi Beli. Il avait trois enfants. Un de ses fils s’appelait Helgi, l’autre, Halfdan ; Ingibjörg était le nom de la fille. Ingibjörg était belle à voir et d’une intelligence remarquable. Elle était la plus distinguée des enfants du roi. Sur le rivage qui longeait les bords occidentaux du fjord s’étendait un vaste domaine appelé Baldrshag[2]. Là se

  1. Sygnafylki, contrée environnant le Sognefjord, sur la côte occidentale de Norvège ; les habitants s’appelaient Sygnir.
  2. « Bois sacré de Baldr ». Baldr, fils d’Odin et de Frigg, dieu de la lumière (cf. Φοῖβος Ἀπόλλων), de la beauté et de la paix, le plus doux, le plus sage et le plus aimé des dieux. Baldrshag était situé, selon toute vraisemblance, au nord du Sognefjord, sur le territoire de Lekanger. Primitivement, les Scandinaves ne possédaient pas de temples ; ils adoraient leurs divinités dans la nature libre, dans des sanctuaires au fond de bois sacrés, un peu plus tard sur les montagnes, à proximité de certaines sources ou sur le bord des rivières. Dans la suite, ils construisirent des édifices dont l’architecture n’est guère connue ; on sait seulement que c’étaient de vastes bâtiments en bois comprenant, séparé du reste, un sanctuaire où se dressait un autel de pierre ou de bois avec les idoles. Les