Page:La Saga de Fridthjof le Fort, trad. Wagner, 1904.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 57 —

Sur ces mots ils ramèrent à travers le fjord, remon­tèrent vers Baldrshag et trouvèrent Ingibjörg assise dans son appartement[1] en compagnie de huit jeunes filles. Ils étaient également au nombre de huit. À leur arrivée tout était tapissé de fourrures et de précieuses étoffes tissées[2].

Ingibjörg se leva et dit : « Pourquoi es-tu si téméraire,

    jusqu’à appeler Baldr bóndi (ch. I, n. 11). Bien plus, on verra (ch. IX) qu’il n’hésite pas à profaner et même à ruiner le sanctuaire au mépris des plus respectables traditions et des lois les plus sacrées, et en dépit des châtiments sévères qui menaçaient les blasphémateurs et les sacrilèges. L’Islandais Hjalti, fils de Skeggi, s’est vu condamner à un bannissement de trois ans pour avoir, dans un couplet, outragé Odin et Freyja (V. Saga de Niai, ch. 102. Livre des Islandais du prêtre Ari, ch. 7).

  1. L’isl. skemma, dans la poésie et la légende, signifie une habitation luxueuse réservée aux filles de princes et de seigneurs et aux femmes de leur compagnie, habitation entourée d’une enceinte protégée par de grotesques moyens de défense. Ici, ce terme désigne l’appartement ordinaire où les femmes passent leur temps à coudre, à filer, à broder, à tisser (Cf. la Kemenate des femmes allemandes). En Islande, le même mot s’applique au bâtiment où l’on conserve toute espèce de marchandises, de provisions, et d’objets d’un usage courant, et quelquefois aussi à la chambre à coucher. V. Valtyr Gudmundsson : Privatboligen paa Island i sagatiden, pp. 247-251.
  2. Dans les circonstances solennelles les anciens Scandinaves, en vertu d’une coutume qui s’est conservée jusqu’à nos jours, ornaient les parois et même les parquets de leurs appartements de magnifiques tapis et de riches tentures (tjöld, reflir) dans lesquels la main artistique de la femme se plaisait à broder soit des tableaux destinés à remémorer de vieilles histoires nationales, soit des figures mythologiques, soit des scènes variées rappelant l’un ou l’autre exploit fameux accompli par quelque membre de la famille. Ingibjörg, on le voit, s’apprête à recevoir Fridthjof avec les plus grands honneurs.