Page:La Saga de Gunnlaug Langue de Serpent, trad. Wagner, 1899.djvu/107

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XIII

Or, en été, avant que la nouvelle de ces faits fut connue en Islande, Illugi le Noir, qui se trouvait alors dans sa maison, à Gilsbakki, eut un rêve. Pendant le sommeil, il lui semblait voir Gunnlaug tout couvert de sang apparaître devant lui et disant pendant son rêve cette strophe en sa présence : (Illugi, à son réveil, chercha à se rappeler les vers et les communiqua ensuite à d’autres).

« Je savais que Hrafn me frappait du poisson qui retentit sur la cuirasse et dont la poignée est garnie de nageoires ; mais la pointe acérée perça la jambe de Hrafn. Alors l’aigle qui déchire les cadavres se délecta dans la mer de mes chaudes blessures ; le bâton de combat de Gunn fendit la tête de Gunnlaug[1]. »

La même nuit, il arriva que dans le sud, à Mosfell, Önund eut un rêve ; il crut voir Hrafn s’approcher de lui tout ensanglanté et récitant cette strophe :

« Rouge était mon épée, lorsque le Rögner du glaive me frappa de son arme ; les monstres du bouclier furent éprouvés sur les boucliers au delà

  1. Le poisson qui retentit sur la cuirasse etc… = l’épée. La mer des chaudes blessures = le sang. Le bâton de combat de Gunn (une Valkyrie, déesse de la guerre) = l’épée.