Page:La Saga de Gunnlaug Langue de Serpent, trad. Wagner, 1899.djvu/29

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demander quelle est l’origine de cette singulière appellation. Lui-même reconnaît (ch. VI, str. 2) l’avoir reçue dans sa jeunesse et non sans raison. L’auteur de la saga prétend qu’il la doit à son habileté à manier l’épigramme (cf. ch. III). Son caractère la justifiait probablement. D’autre part, le Landnamabok (Isl. Sögur I, 44) et le Skaldatal connaissent un autre Gunnlaug Langue de Serpent bisaïeul de notre héros du côté maternel, et il est à présumer qu’il faut voir dans ce surnom un héritage dû à cet ancêtre, qui lui aussi était scalde. Une certaine analogie de caractère, surtout une nature vive et emportée, auront contribué sans nul doute à attacher à son nom cette épithète mordante, car tout jeune il ne semble pas avoir joué un rôle assez marquant pour la mériter. Gunnlaug est connu comme scalde. Cependant, ce qui nous reste de ses productions poétiques se réduit à très peu de chose ; ce sont, en majeure partie, les vísur de la saga et une demi-strophe conservée dans l’Edda de Snorri Sturluson. Toutes celles que la saga lui fait prononcer ne peuvent être de lui. Tel est par exemple son chant du cygne (ch. XII, str. 2). Comment nous aurait-il été transmis ? Par les guides norvégiens auxquels il est adressé ?

À côté de Gunnlaug se dessinent, moins vifs, moins purs et moins sympathiques aussi, les traits de Hrafn Önundarson, son rival. Ses actes sont empreints d’une réelle perfidie amoindrissant considérablement l’estime que pourraient inspirer sa bravoure et une certaine fermeté de résolution. Ses vues étroites et mesquines, son humeur vindicative, son esprit rancunier font ressortir plus vivement encore la générosité et la bonne foi de son compétiteur. Comme Gunnlaug, il est issu d’une des plus influentes familles du pays et apparaît dans divers documents comme un scalde de renom. Souvent même on l’appelle tout simplement