Page:La Saga de Gunnlaug Langue de Serpent, trad. Wagner, 1899.djvu/37

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parchemin, les traditions de leurs ancêtres. Ce devaient être, du moins dans la plupart des cas, des personnages ayant reçu une instruction variée et assez étendue. Il est à présumer qu’il faut voir en eux de ces Islandais de grande famille qui disposaient des loisirs et des moyens de parcourir dans leur jeunesse les pays de l’Europe occidentale, s’initiant à la culture des lettres latines, recueillant au cours de leurs lointaines pérégrinations une riche moisson de connaissances relatives aux trésors littéraires, aux légendes nationales des peuples qu’ils visitaient, rentrant ensuite dans leur patrie où ils s’appliquaient à répandre l’instruction et à mettre au profit du bien commun les fruits de leur expérience.

La plupart d’entre eux appartenaient vraisemblablement à l’état ecclésiastique. Le fait paraît certain notamment pour l’auteur de la saga de Gunnlaug. En effet, ce n’est guère que chez des hommes formés au contact des civilisations de l’antiquité que pouvait naître l’idée d’arracher à l’oubli, en les fixant par l’écriture, les faits de l’histoire nationale. Presque tous les grands écrivains islandais, dont nous connais­sons les noms, étaient prêtres. Il suffit de citer Ari le Savant, Saemund Sigfusson, les moines Karl Jónsson, Odd Snorrason, Gunnlaug Leifsson. On peut dire qu’à l’origine la littérature écrite, en Islande, repose entre les mains du clergé. C’est lui le déposi­taire des trésors scientifiques et littéraires de la nation ; c’est lui qui s’est attribué la mission grandiose de veiller à l’éducation et à l’instruction du peuple et de l’acheminer dans la voie d’une civilisation nouvelle ; c’est à lui aussi que la postérité est rede­vable pour une grande part de la conservation de ce précieux dépôt national qui fait la gloire de l’Islande.

On a longtemps cru voir dans le prêtre Ari