Page:La Saga de Gunnlaug Langue de Serpent, trad. Wagner, 1899.djvu/89

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Ils abordèrent à Melrakkasletta[1] un demi-mois avant le commencement de l’hiver[2], à un endroit appelé Hraunhöfn[3], et y tirèrent leur bateau sur le rivage.

Il y avait un homme du nom de Thord ; il était fils d’un bondi de Sletta ; il avait l’habitude de provoquer les marchands à une lutte corps à corps, et ceux-ci avaient fort à faire contre lui. Il fut donc convenu que Gunnlaug lutterait avec lui. La veille, Thord implora Thor[4] de lui donner la victoire. Le lendemain, au milieu de la lutte, Gunnlaug frappa un tel coup contre les deux pieds de Thord, que celui-ci s’abattit lourdement sur le sol ; mais le pied, sur lequel s’appuyait Gunnlaug, se désarticula et lui-même tomba. « Il est bien possible, » dit Thord,

  1. « Plaine des renards », presqu’île dans le nord-est de l’Islande.
  2. L’hiver commençait vers la mi-octobre.
  3. « Port de lave », baie et place de débarquement dans le nord de la presqu’île de Melrakkasletta.
  4. Thor, le dieu du tonnerre (cf. anglo-sax. Thunor, all. Donner), fils d’Odin et de Jörd, était primitivement le principal dieu des peuples scandinaves. Sa force était prodigieuse. Un de ses attributs essentiels était le marteau Mjöllnir (l’écraseur. cf. angl. mill). Il passait pour le protecteur de l’humanité. C’est lui que l’on invoquait de préférence dans les circonstances importantes de la vie (naissance, mariage, combats, mort, etc.). Il a donné son nom au jeudi (cf. isl. Thórsdagr, angl. Thursday, dan. Torsdag, néerl. Donderdag, etc.).