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la saga de nial

qu’il ne l’avait fait jusque-là. Gunnar dit qu’il s’en trouverait bien.

Il se passa quelque temps. Ils s’entendaient toujours bien, Gunnar et Njal et les fils de Njal, mais le reste de leur monde se voyait peu.

Il arriva que des mendiantes vinrent de Bergthorshval à Hlidarenda. C’étaient des bavardes, et de mauvaises langues. Halgerd était assise dans la chambre des femmes ; c’était sa coutume. Il y avait là Thorgerd sa fille et Thrain. Il y avait aussi Sigmund, et une quantité de femmes. Gunnar n’était pas là, ni Kolskegg.

Ces mendiantes entrèrent dans la chambre des femmes. Halgerd les salua et fit faire place pour elles. Elle leur demanda les nouvelles. Elles dirent qu’elles n’en savaient pas. Halgerd demanda où elles avaient passé la nuit. Elles dirent que c’était à Bergthorshval. « Que faisait Njal ? dit Halgerd. — « Il avait de la peine à se tenir tranquille » dirent-elles. — « Que faisaient les fils de Njal ? dit Halgerd. Ceux-là ont l’air d’être des hommes ». — « Ils sont grands à voir, dirent-elles ; mais ils ne se sont pas montrés encore. Skarphjedin aiguisait une hache, Grim emmanchait un épieu, Helgi mettait une poignée à une épée, Höskuld attachait une courroie à un bouclier ». — « Il faut qu’ils aient quelque haut fait en tête » dit Halgerd. — « C’est ce que nous ne savons pas » dirent-elles. — « Que faisaient les gens de Njal ? » dit Halgerd. Elles répondirent : « Nous ne savons pas ce que faisaient les autres ; mais il y en avait un qui charriait du fumier dans les champs ». — « Pourquoi faire ? » dit Halgerd. Elles répondirent : « Il disait que la récolte serait meilleure là qu’autre part ». — « Njal est un sot, dit Halgerd, quoiqu’il ait des avis pour tout le monde ». — « Pourquoi cela ? » dirent-elles. — « Je ne dis que la vérité, dit Halgerd ; que ne fait-il mettre du fumier sur sa barbe, pour être comme les autres hommes ? Nous l’appellerons le drôle sans barbe, et ses fils les