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Page:La Saga de Nial, trad. Dareste, 1896.djvu/191

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la saga de nial

tout de suite. Mais Svein demanda qu’on ne fît pas cela, disant qu’il faisait nuit. Alors le jarl dit : « Qu’on les tue demain matin, et qu’on les attache bien pour ce soir. » « Ainsi fera-t-on, dit Svein, mais je n’ai jamais vu de plus braves hommes que ceux-ci, et c’est grand dommage de leur ôter la vie. » « Ils ont tué deux de nos meilleurs hommes, dit le jarl, et nous les vengerons en faisant mourir ceux-ci. » « C’est qu’ils étaient encore plus braves qu’eux, dit Svein ; mais il en sera comme tu voudras. » Les fils de Njal furent donc liés et enchaînés, après quoi le jarl et ses hommes s’endormirent.

Pendant qu’ils dormaient, Grim dit à Helgi : « Je voudrais bien m’échapper, si je pouvais. » « Cherchons quelque moyen » dit Helgi. Grim voit près de lui, à terre, une hache dont le tranchant est tourné en l’air. Il rampe jusque là, et coupe sur le tranchant la corde d’arc dont il est lié, non sans se faire au bras une grande blessure. Puis il délia Helgi. Après cela, ils se glissèrent par dessus bord, et vinrent à terre sans que les gens du jarl y eussent pris garde. Ils brisèrent leurs fers et s’en allèrent de l’autre côté de l’île. Le jour commençait à poindre. Ils virent qu’il y avait là un vaisseau, et reconnurent que c’était Kari, fils de Sölmund, qui venait d’arriver. Ils allèrent le trouver et lui dirent les mauvais traitements qu’on leur avait faits. Ils lui montrèrent leurs blessures, et dirent que le jarl était encore endormi. « C’est mal fait, dit Kari, que des innocents soient maltraités pour le compte de méchantes gens ; mais maintenant, qu’avez-vous envie de faire ? » « Nous voulons aller trouver le jarl, dirent-ils, et le tuer. » « Vous n’aurez pas cette chance, dit Kari, quoique l’audace ne vous manque pas. Mais sachons d’abord s’il est encore là. » Ils y allèrent, et ils virent que le jarl était parti.

Alors Kari s’en vint à Hlad trouver le jarl, et lui remit le tribut. « As-tu pris avec toi les fils de Njal ? »