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la saga de nial

Halgerd te persuade de faire une autre sottise, ce sera ta mort ».

Halgerd envoya un homme à Bergthorshval pour dire le meurtre. Et elle en envoya un autre au ting pour le dire à Gunnar. Bergthora dit qu’elle n’aurait garde de dire des injures à Halgerd ; que ce n’était pas là la vengeance qu’il fallait à une si grosse affaire.

XLIII

Quand le messager arriva au ting, et dit le meurtre à Gunnar, Gunnar dit : « Voilà de mauvaises paroles ; et jamais il n’est venu de nouvelle à mes oreilles qui me semblât plus fâcheuse. Mais il nous faut aller trouver Njal sur le champ ; j’espère qu’il le prendra bien, quoique ce soit un grand coup pour lui ».

Ils allèrent trouver Njal et lui firent dire de venir leur parler. Il vint de suite trouver Gunnar. Ils parlèrent ensemble, et il n’y avait d’abord nul homme présent que Kolskegg. « J’ai à te dire une dure nouvelle, dit Gunnar, le meurtre de Thord le fils de l’affranchi. Je viens t’offrir de prononcer toi-même la sentence ». Njal se tut quelque temps, après quoi il dit : « Voilà une offre bien faite, et il faut que je l’accepte. Cependant il est à prévoir que j’en aurai des reproches de ma femme et de mes fils, car cela leur déplaira fort. Mais j’en courrai le risque, car je sais que j’ai affaire à un brave homme, et je ne veux pas qu’il vienne de mon côté le moindre accroc à notre amitié ». — « Veux-tu qu’un de tes fils soit présent ? » dit Gunnar. — « Non, dit Njal ; ils ne rompront pas la paix que je ferai ; mais s’ils étaient présents, ils n’y voudraient pas consentir ». — « Qu’il en soit donc ainsi, dit Gunnar, prononce-toi seul ». Ils se prirent par la main, et firent leur paix, vite et bien. Alors Njal dit : « Voici ma sentence ; deux cents d’argent ; tu trouveras que c’est beaucoup ». — « Je ne trouve pas que ce soit trop » dit Gunnar, et il retourna dans sa hutte.