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plutôt petit et trapu, mais d’une force remarquable. Thorgeir était un homme excessivement riche en biens ; c’était un zélé sacrificateur[1] et il se connaissait en magie. Hadd se livrait à la piraterie et vivait peu à la maison.

38.

Arrivée de Thorolf en Islande.

L’été suivant, Thorolf, fils de Skallagrim, se disposa à entre prendre un voyage de commerce. Pendant les préparatifs, l’idée lui vint de se rendre en Islande pour aller voir son père. Depuis longtemps il avait vécu loin de sa patrie[2]. Il possédait de l’argent en quantité et de nombreux objets de valeur. Les apprêts terminés, il alla trouver le roi Eirik qui lui remit, au moment du départ, une hache dont il désirait faire cadeau à Skallagrim. Cette hache était à double tranchant, de grandes dimensions et garnie d’or, et le manche était incrusté d’argent. C’était un joyau très précieux. Sitôt qu’il fut prêt, Thorolf se mit en route. Le voyage se passa bien. Il arriva avec son bateau dans le Borgarfjord et se rendit sans retard auprès de son père. Grande fut leur joie quand ils se revirent. Ensuite Skallagrim s’occupa de la cargaison de Thorolf et fit tirer le bateau au rivage. Thorolf entra dans la maison paternelle de Borg, suivi de onze compagnons. À son arrivée, il présenta à Skallagrim les salutations du roi Eirik et lui remit la hache que le roi avait envoyée pour lui. Skallagrim saisit la hache, la souleva, l’examina quelque temps sans dire mot et la fixa en haut de son siège.

En automne, Skallagrim fit un jour reconduire chez lui, à Borg, une grande quantité de bœufs qu’il se proposait d’abattre.

  1. Les sacrifices, destinés à fléchir le courroux de la divinité, à lui témoigner de la reconnaissance pour un bienfait reçu ou à implorer une faveur, se faisaient selon certains rites solennels et en diverses occasions, notamment aux changements de saisons. On immolait des chevaux, des bœufs, des taureaux, des moutons, des porcs. En principe, cette charge incombait au roi, qui était revêtu à la fois du suprême pouvoir temporel et religieux. En Islande, le godi ou hofgodi présidait aux sacrifices.
  2. Environ de 903 à 914.