Page:La Saga du scalde Egil Skallagrimsson, trad. Wagner, 1925.djvu/159

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mort, la troupe qui l’avait suivi prit la fuite. Egil et les siens se mirent à leur poursuite, tuant tous ceux qu’ils atteignirent, car en ce moment rien ne servit de demander grâce. Les jarls écossais, remarquant que nombre de leurs camarades se sauvaient, ne résistèrent pas longtemps et déguerpirent au plus vite. Alors Egil et les siens se portèrent vers l’endroit où se tenait la division royale ; il la prit de flanc et à revers et y fit bientôt un grand carnage. Les rangs se rompirent et toute la division se dispersa. Les soldats d’Olaf s’enfuirent en masse et les vikings poussèrent des cris de triomphe. Et lorsque le roi Adalstein crut s’apercevoir que l’armée d’Olaf commençait à se dissoudre, il excita ses troupes et fit avancer l’étendard. Un assaut furieux s’ensuivit, qui jeta la confusion dans les rangs ennemis et entraîna la mort de beaucoup de guerriers. Le roi Olaf y périt avec la majeure partie des troupes qu’il avait menées au combat ; car ceux qui cherchaient à s’évader furent tués tous, à mesure qu’on les atteignait. Le roi Adalstein remporta une éclatante victoire[1].

55.

Funérailles de Thorolf. Portrait d’Egil. Egil prend congé d’Adalstein pour se rendre en Norvège chez Arinbjörn.

Le roi Adalstein s’éloigna du théâtre de la lutte, tandis que ses hommes poursuivaient les fuyards. Il rentra dans la place forte et ce n’est que là qu’il prit le repos de la nuit. Egil, lui, s’acharna contre l’armée en déroute, la harcela longtemps, tuant tout ennemi qu’il atteignait. Finalement il revint sur ses

  1. La saga, ou plutôt la tradition sur laquelle elle repose, réunit et identifie ici deux faits absolument distincts. La grande bataille de Brunanburgh (939 ?) a obscurci et absorbé le souvenir du combat sur la Vinheid, qui doit avoir été livré une douzaine d’années plus tôt (927). L’engagement dans lequel périt Thorolf — s’il n’appartient pas au domaine de la légende — n’a pas eu l’importance que la saga lui attribue. Le seul détail relatif à la délimitation du terrain par des pieux de coudrier suffirait à le prouver. C’était là, en effet, une très ancienne coutume que l’on ne pouvait observer que dans les combats singuliers ou dans les rencontres de troupes peu nombreuses.