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Et voici le refrain[1] de la « drapa » :

Aujourd’hui les plus hautes montagnes
Sont soumises au valeureux Adalstein.

En récompense de son poème, Adalstein remit à Egil deux bagues d’or, valant chacune un mark ; il y ajouta un vêtement précieux que le roi lui-même avait porté autrefois.

À l’approche du printemps, Egil fit part au roi de son intention de partir dans le courant de l’été pour se rendre en Norvège et s’informer de la situation d’Asgerd, « celle qui a été la femme de Thorolf, mon frère. Il y a là de grandes richesses accumulées et je ne sais pas s’il y a des enfants en vie. S’il y en a, il faut que je prenne soin d’eux ; mais toute la succession me revient, si Thorolf est mort sans laisser d’enfant ».

Le roi dit : « C’est à toi, Egil, à savoir ce qu’il faut faire. Tu peux t’en aller, si tu penses avoir à traiter des affaires urgentes ; mais je préfère avant tout te voir fixer ton séjour auprès de moi, jouissant des conditions de vie que tu voudras solliciter ».

Egil remercia le roi de ses paroles. « En ce moment, je dois aller d’abord où mon devoir m’appelle ; mais je compte bien remplir la promesse de revenir ici, dès que je pourrai le faire. »

Le roi le pria d’en agir ainsi. Ensuite, Egil s’apprêta à partir avec sa suite. Beaucoup d’entre eux cependant restèrent à la cour du roi. Egil possédait un vaste « long bateau ». Il y plaça une centaine d’hommes. Dès que les préparatifs de voyage furent terminés et que le vent se montra favorable, il prit la mer. Le roi Adalstein et lui se quittèrent dans les meilleurs termes d’amitié. Il engagea Egil à revenir le plus tôt possible. Celui-ci promit qu’il en serait ainsi. Là-dessus, il mit le cap sur la Norvège et, arrivé en vue des terres, il pénétra en toute hâte dans les Firdir où il apprit la nouvelle que le hersir Thorir était mort et qu’Arinbjörn avait recueilli la succession et était devenu vassal. Egil alla trouver Arinbjörn, qui lui fit un bienveillant accueil et l’invita à demeurer auprès de lui. Egil accepta. Il fit hisser le bateau sur

  1. Le refrain, comprenant deux ou quatre vers, contenait ordinairement une louange générale à l’adresse du prince ou du seigneur.