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selon le proverbe de l’ancien temps, disant qu’il convient de soigner le chêne sous lequel on doit habiter. »

« Néanmoins, » repartit Egil, « si nous avons des droits à faire valoir, je me sens tout disposé à tenter la chose. Il est possible que le roi nous rende justice en cette occurrence, car j’ai entendu dire que c’est un homme de sentiments équitables et qu’il fait rigoureusement observer les lois qu’il a instaurées en ce pays. J’ai dans l’idée que ce qu’il y a de mieux à faire, c’est de rendre visite au roi pour essayer de m’entendre avec lui à ce sujet. »

Arinbjörn déclara qu’il n’était pas disposé à agir de la sorte. « Mon avis est qu’il sera difficile, Egil, de concilier ton ardeur et ta témérité avec le tempérament et le pouvoir du roi ; car je crois qu’il n’est pas ton ami et qu’il a des raisons de t’en vouloir. Il me semble préférable de renoncer à ce projet et de n’en rien faire. Toutefois, si tu y tiens, Egil, c’est moi plutôt qui irai trouver le roi pour traiter cette affaire. »

Egil ajouta qu’il lui serait très reconnaissant de ce chef et insista pour qu’Arinbjörn tentât la démarche en question.

Hakon séjournait alors au Rogaland, et de temps en temps au Hördaland. Il n’était pas difficile de parvenir à le trouver. Aussi, la rencontre eut lieu peu de temps après l’entretien avec Egil. Arinbjörn fit ses préparatifs de départ. Il fit savoir à ses gens qu’il se proposait de rendre visite au roi et il fit équiper, par des personnes de sa maison, son bateau à vingt sièges de rameurs, qui lui appartenait en propre. Egil devait rester à la maison ; Arinbjörn ne voulut point qu’il l’accompagnât. Arinbjörn partit dès qu’il fut prêt et le voyage se passa bien. Il trouva le roi Hakon et reçut chez lui un accueil bienveillant. Après avoir séjourné un petit temps à la cour, il fit connaître sa mission au roi en disant qu’Egil, fils de Skallagrim, venait d’arriver au pays où il se croyait en droit de revendiquer tous les biens qui avaient appartenu à Ljot le Pâle. « On nous a dit, ô roi, que sur ce point les prétentions d’Egil étaient conformes à la loi ; mais vos intendants se sont emparés des propriétés et les ont confisquées à votre profit. Je vous prierai donc, seigneur, de rendre à Egil justice en cette affaire. »

Le roi répondit à ses paroles, mais hésita à faire connaître son avis : « Je ne sais ce qui t’incite à appuyer Egil dans de pareilles