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en effet, qu’Arinbjörn, frère de la mère de Thorstein, était allé au Danemark et vivait auprès des fils d’Eirik ; qu’en outre, ceux-ci avaient là un nombreux entourage et se livraient à la piraterie durant l’été. Tous ces gens ne lui inspiraient aucune confiance, et Hakon s’attendait à voir les fils d’Eirik lui faire la guerre, le jour où ils disposeraient de forces suffisantes pour se soulever contre lui. Pour ces motifs, il traitait durement tous les parents d’Arinbjörn, alliés de famille ou amis, chassant du pays bon nombre d’entre eux ou leur suscitant d’autres désagréments. C’était maintenant au tour de Thorstein, à qui le roi, pour ces mêmes raisons, imposa deux conditions au choix. L’homme qui transmit cet ordre avait parcouru tous les pays ; il avait vécu longtemps au Danemark et en Suède ; il connaissait fort bien tout, les lieux et les gens, et il avait aussi pérégriné à travers la Norvège. Lorsqu’il se fut acquitté de sa mission auprès de Thorstein, fils de Thora, celui-ci fit connaître à Egil les ordres que les envoyés lui apportaient et il lui demanda quelle réponse il devait leur faire.

Egil dit : « Il me semble évident, à considérer ce message, que le roi veut t’éloigner du pays, tout comme les autres parents d’Arinbjörn. J’estime que pour un homme de ta distinction, cela équivaut à un arrêt de mort. Voici ce que je te conseille : tu convoqueras les messagers du roi pour délibérer avec eux ; je veux assister à votre entretien ; nous verrons alors ce qu’il adviendra. »

Thorstein agit selon les conseils d’Egil. Au cours de la conversation qu’ils eurent avec lui, les envoyés exposèrent en toute sincérité l’objet de leur démarche et les ordres du roi : Thorstein devait se charger de la mission dont il était question ; en cas de refus, il serait proscrit.

Alors Egil reprit : « Je vois clairement, d’après votre déclaration, que si Thorstein refuse de se mettre en route, c’est vous qui devrez partir pour faire rentrer le tribut. »

Les messagers avouèrent qu’il en était bien ainsi.

« Thorstein n’entreprendra pas cette tournée, car il n’est nullement tenu, lui, un homme si distingué, de faire une expédition aussi peu rémunératrice. Toutefois, il fera ce qui lui incombe ; il suivra le roi à l’intérieur et au dehors du pays, si ce dernier le requiert. De plus, si vous désirez que des gens d’ici vous accom-