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Quand Armod sut qu’ils étaient envoyés par le roi, il leur offrit l’hospitalité chez lui, et ils acceptèrent. Les gens de la maison d’Armod prirent soin des chevaux et des véhicules, tandis que le propriétaire invita Egil à entrer dans l’appartement. C’est ce qu’ils firent. Armod assigna à Egil le siège d’honneur sur le banc inférieur[1] ; les autres voyageurs s’installèrent plus bas. Ils causèrent beaucoup des difficultés du chemin qu’ils avaient parcouru dans la soirée, et les habitants de la ferme s’étonnaient beaucoup de ce qu’ils eussent pu accomplir le trajet, disant que la route était impraticable pour les gens, même en l’absence de neige.

Armod dit alors : « Ne vous semble-t-il pas que la meilleure réception serait de dresser la table[2] pour vous et de servir le repas du soir, pour vous permettre d’aller dormir ? Sans doute allez-vous goûter un excellent repos. »

« C’est tout à fait notre avis, » répondit Egil.

Armod fit donc dresser pour eux des tables sur lesquelles on servit de grands récipients remplis de lait caillé. Il laissa entendre qu’il regrettait de ne pas avoir de bière à leur offrir. Egil et ses gens, par suite de la fatigue, avaient grand’soif. Ils saisirent les vases et burent le lait avec avidité, mais Egil but de beaucoup le plus. Aucun autre mets ne fut servi. Il y avait là de nombreux domestiques. La maîtresse de maison était assise sur le siège transversal[3], ayant quelques femmes à côté d’elles. La fille du propriétaire, une enfant de dix ou onze hivers, s’en allait çà et

  1. Ce second siège d’honneur, réservé au principal convive, se trouvait vis-à-vis de celui du maître de la maison, à l’autre bout de la double rangée de bancs. Il était un peu moins élevé que le siège d’honneur principal. Le « banc inférieur » comprenait les places situées à proximité du second siège d’honneur.
  2. La table, composée d’un chevalet et d’une tablette mobile, était dressée dans la salle chaque fois que l’on en avait besoin. Le repas fini, on l’enlevait. Dans les maisons riches on la recouvrait d’une nappe blanche ornée de dessins.
  3. Le siège transversal, place surélevée située au bout des deux rangées de bancs, occupait toute la largeur de la salle. Il était spécialement réservé aux femmes qui s’y livraient à leurs travaux et assistaient de là aux réunions et festins. Les reines et les femmes de haute qualité seules s’installaient à côté du siège d’honneur.