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Harald. Mon père a préféré mourir glorieusement, revêtu de la dignité royale, plutôt que de devenir, dans sa vieillesse, le sujet d’un autre roi. Je suppose que telle est aussi votre intention et celle des personnes qui ont du pouvoir et de la dignité, et qui veulent montrer qu’ils sont hommes de valeur. »

À la suite de ce discours, le roi prit la ferme résolution de rassembler des troupes et de défendre son pays. Il conclut une alliance avec Sölvi et envoya un message au roi Audbjörn qui régnait sur le Firdafylki, pour l’engager à joindre ses forces aux leurs. Quand les envoyés furent arrivés chez le roi Audbjörn et qu’ils se furent acquittés de leur mission, celui-ci consulta ses amis à ce sujet et tous furent d’avis de réunir des troupes et de se rejoindre à Möri, selon le vœu exprimé dans le message. Audbjörn fit circuler la flèche de guerre[1] et proclamer l’appel aux armes dans tout son royaume. Il envoya des messagers auprès des notables pour les inviter à sa cour. Les envoyés arrivèrent chez Kveldulf et lui notifièrent les ordres du roi, ajoutant que le roi désirait que Kveldulf se joignît à lui avec tous les gens de sa maison. Kveldulf répondit : « Il est de mon devoir, je pense, de me mettre en campagne avec le roi, lorsqu’il doit défendre son pays. Il faut que la guerre se fasse à Firdafylki même. Mais je ne me crois nullement obligé de me rendre dans le Nord, à Möri, et d’y combattre pour la défense de cette région. Hâtez-vous de dire au roi que Kveldulf restera chez lui pendant cette campagne, qu’il ne rassemblera pas de troupes et qu’il ne se mettra pas en route, si c’est pour lutter contre Harald Lufa ; car j’estime que celui-ci a du bonheur abondamment, tandis que votre roi n’en a pas une main pleine.

Les envoyés retournèrent auprès du roi et lui firent connaître le résultat de leur démarche. Quant à Kveldulf, il resta chez lui, exploitant son domaine.

  1. C’était une flèche en bois. La faire porter de ferme en ferme équivalait à un urgent appel aux armes. Aucun homme valide, sous peine de châtiment, ne pouvait se soustraire à l’obligation de servir le roi en cas de guerre.